MEDICINE HAT – Blue Moon Bootlegs (2022)


01 - Cold Hearted Woman
02 - Lightning
03 - Indian Rose
04 - Bad Boy Boogie

05 - I Still Bleed

06 - La Grange

07 - Cmon Here

08 - Fire In Muskogee
09 - It’s A Long Way To The Top

10 - Six Ways To Sunday
11 - Highway To Hell

Medicine Hat :

Mark Jackson : chant
Jon ‘JB’ Brown : basse

Chris Borsberry : guitare

Steve Gough : guitare

Steve Cook : batterie

Invité :
Barry ‘Snakeoil’ Warren : harmonica sur « La Grange »


Amateurs de tendres bluettes, passez votre chemin ! Ici on ne fait pas de la zic de… Vous l’aurez compris, le coeur de cible de cette production live et très brute de décoffrage ne comprend pas le fan-club de Wham ! Mais à RTJ, nous
sommes toujours heureux de constater qu’un groupe comme Medicine Hat reste en activité (bientôt 30 ans depuis leur premier album !), fidèle à ses principes, et arrive à sortir de temps en temps un CD toujours vibrant d’énergie. Pas de surprise donc, hormis la venue d’un nouveau batteur (Steve Cook, à la frappe particulièrement vigoureuse) : on a toujours ce fascinant mélange de rock sudiste survitaminé, de hard-rock « classic » et d’influences country, véhiculé par les deux fondateurs du groupe, Mark et Jon, et traditionnellement animé par un duo de guitaristes aux styles différents : un adepte du country-rock opérant plutôt sur Fender et un shredder préférant les Gibson. Depuis quelques années maintenant ces postes sont occupés par Chris Borsberry et Steve Gough.

Le groupe de Mark Jackson a cette fois-ci décidé de nous emmener à une de ses soirées musicales à haute intensité au Blue Moon de Cambridge. Et ça va dépoter ! Le groupe attaque bille en tête avec un « Cold Hearted Woman » explosif, extrait de l’album « Bone Dry » de 2001 (déjà !), leur deuxième album qui avait révélé au monde cette bande de furieux menée par un colosse arrivé de Nouvelle Zélande. Pas de quartier ! On enchaîne sur « Lightning », échappé du splendide « From Nowhere To Here » de 2005, puis on calme très momentanément les débats avec la superbe ballade « Indian Rose », elle aussi issue de « Bone Dry », un album très représenté dans ce live puisque deux autres titres figurent aussi au programme : « I Steel Bleed » et « C’mon Here ». « Fire In Muskogee », le dernier titre original de cet album, provient de « Firebird », l’album du grand retour en 2017, et tous ces titres sont propulsés sans faiblir sur vos tympans ravis.

Et le reste ? Et bien, ce sont des reprises. Est-ce en raison de ses attaches dans l’hémisphère sud ? Mark Jackson a
cette fois-ci choisi de privilégier plus que d’habitude son amour pour AC/DC, version Bon Scott, avec tout d’abord le
« Bad Boy Boogie » figurant lui aussi dans « Firebird », et qui va comme un gant à notre chanteur, puis l’incroyable « It’s A Long Way To The Top », où il ne se risque pas à imiter Bon Scott et à se munir d’une cornemuse : les guitares se chargent du boulot ! L’album se termine par le classique « Highway To Hell », toujours furieusement asséné et parfait pour apporter au public la dose d’endorphines propre à lui laisser de la soirée un souvenir béat.
Et les racines sudistes alors ? Deux reprises rendent hommage au sud des États-Unis. On commence par le Texas, avec l’incontournable « La Grange », où l’originalité est ici amenée par Barry ‘Snakeoil’ Warren, harmoniciste invité à participer à la fête, et ma foi, son apport se révèle judicieux pour sortir un peu des sentiers battus, avec en particulier un duel amical harmonica/guitare improvisé et des interventions bien ciblées. Puis, pas de Lynyrd Skynyrd, de Blackfoot, de Point Blank ou même de Bob Seger, artistes que Mark Jackson apprécie, mais un Blackberry Smoke de derrière les fagots, « Six Ways To Sunday », en version bien ramonée, avec un solo de guitare qui semble commencer de façon un peu aventureuse avant que tout ne retombe sur ses pieds.

On ressort de ce CD très authentique avec le doux regret de ne pas avoir pu être présent à la soirée, même si on peut déplorer l’absence de plus de titres emblématiques de « From Nowhere To Here » comme « Forever Survive » ou « Too Far Gone », mais on ne peut pas tout avoir. Ce disque, qui ne donne pas vraiment dans la dentelle, compte déjà onze titres particulièrement intenses, délivrant une énergie furieuse et sans manière, sur des titres sonnant comme deshymnes, avec tous les côtés attachants du live : c’est sûr que le groupe ne livre pas une version note à note impeccable de chaque titre, au point où on se croirait en studio. Ça hurle, ça cogne, ça transpire et surtout ça joue ! Les musiciens ont envie de faire partager leur passion en donnant tout sur scène, ça se ressent, on a envie d’être avec eux. En ces jours où règnent l’auto-tune et le clic pour la batterie, et où cette sincérité n’est pas vraiment de mise, une telle démarche procure beaucoup de plaisir à l’auditeur. Vous aimez l’esprit de Dan Baird,
le gros rock bien construit, joué à fond et sans concession : précipitez-vous sur ce « Blue Moon Bootlegs » !

Y. Philippot-Degand